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Marie-Anne DAYÉ

Conceptrice - Rédactrice

Le français, une nécessité pour les TET

Plusieurs raisons peuvent motiver les travailleurs étrangers temporaires d’apprendre le français : répondre aux nouvelles exigences du Québec pour renouveler leur permis de travail, communiquer avec leurs collègues et leur employeur, socialiser et obtenir la résidence permanente, par exemple. InfoTET s’est rendu, avec l’équipe de l’organisme L’ANCRE, dans une classe de francisation pour en savoir un peu plus sur le parcours des étudiants et les informer sur les services mis à leur disposition.

Texte et photos : Marie-Anne Dayé

Au Centre d’éducation des adultes La Relance, à Saint-Jean-sur-Richelieu, l’augmentation de la demande pour les cours de français est de plus en grande, soit de 150 % en deux ans, souligne Joannie Giroux, agente de liaison. « Le soir, on avait deux groupes, maintenant on est rendus à six. De jour, on avait trois classes, on en a maintenant sept. », ajoute-t-elle. Parmi les étudiants, il y a des demandeurs d’asile, des visiteurs, des travailleurs étrangers temporaires, des résidents permanents et citoyens non francophones.

« L’objectif, au final, c’est de trouver sa place au Québec », résume Joannie, agente de liaison au Centre d’éducation des adultes La Relance.

Connaissance du français

Alors que les travailleurs étrangers temporaires n’avaient aucune obligation d’apprendre le français auparavant, ils n’auront d’autre choix désormais que de s’y atteler. Une nouvelle mesure du gouvernement du Québec exige que les travailleurs étrangers temporaires, exceptés les travailleurs agricoles, devront prouver qu’ils ont une connaissance du français de niveau 4 à l’oral au minimum lorsqu’ils voudront renouveler leur permis de travail, après avoir cumulé des autorisations de séjour de plus de trois ans au Québec. Les employeurs devront, quant à eux, répondre à des exigences pour soutenir l’apprentissage du français par leurs employés, mais les modalités ne sont pas encore connues.

Quant à la résidence permanente, il faut compléter le niveau 7 (sur 8 au total) pour en faire la demande. « Pour obtenir le niveau 7, ça prend un bon deux ans, deux ans et demi d’études à temps plein, précise Joannie Giroux. En un an, on estime qu’on est capable d’avoir un niveau 4, mais après, plus les niveaux augmentent, plus le nombre d’heures à consacrer à chaque niveau est grand ».

L’inscription aux cours de français se fait sur le site Web de Francisation Québec, une initiative du Ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de la Francisation du gouvernement du Québec, et il est possible de choisir des cours à temps plein, à temps partiel ou à distance. Au Centre La Relance, les trois options sont offertes, avec une préférence pour les cours en présentiel. « On est conscients que quelqu’un qui travaille toute la journée aura plus de difficulté à être constant ou à l’heure. On a quand même une ouverture et une flexibilité. On a notre formation à distance pour les élèves de niveau 3 et plus, qui n’ont pas besoin de se déplacer », explique Joannie Giroux. À son avis, les cours à distance pour les étudiants de niveau 1, 2 et 3 ne positionnent pas ces derniers dans une situation propice au succès. Certaines entreprises ont choisi d’offrir des cours de francisation sur le lieu de travail, une manière de limiter les obstacles liés au transport et aux horaires. Ainsi, depuis mars 2023, des enseignants de La Relance peuvent se déplacer sur des lieux de travail pour offrir les cours.

S’installer au Québec, une visée pour plusieurs TET

Pour plusieurs travailleurs étrangers temporaires, l’objectif d’apprendre le français, en plus de faciliter les communications au quotidien, est de pouvoir s’installer de façon permanente au Québec. InfoTET a rencontré trois TET, durant leur cours de francisation à La Relance, pour connaître leurs motivations.

Nicolas Cedillo, Guatemala

Nicolas Cedillo est un artisan qui fabrique des sacs et des vêtements à partir de tissus traditionnels colorés du Guatemala. Il avait sa propre boutique à Antigua et en avait même ouvert une deuxième au Costa Rica avant que la pandémie vienne perturber ses projets. Depuis septembre 2022, il est préposé à l’entretien ménager au Complexe 360 à Saint-Jean-sur-Richelieu et il apprend le français à La Relance. À la question « Comment va ton apprentissage du français ? » il répond « Pas pire, mais c’est compliqué de le parler ». Visiblement, il a déjà intégré les expressions québécoises à son vocabulaire ! Malgré les difficultés, il poursuit son objectif de grimper les niveaux pour obtenir la résidence permanente. « Quand tu apprends une autre langue, ça ouvre beaucoup de portes, dont pour le travail ».

David Cortes, Colombie

David Cortes est arrivé en avril 2023 au Québec. Carossier de formation dans son pays, il exerce ce métier à Iberville pour l’entreprise Procolor. « Pour moi, ça a été un peu difficile avec le français », dit-il. Actuellement, il en est au niveau 3 et espère atteindre le niveau 7 d’ici un an. « Mais travailler et étudier en même temps, je n’ai pas beaucoup de temps », constate-t-il. « C’est très important d’apprendre la langue. J’adore le français. Avoir la résidence permanente est un projet pour moi. »

Andres Baquiro, Colombie

Andres Baquiro est arrivé de la Colombie en août 2022 pour travailler comme mécanicien industriel chez Frondémy, à Chambly. Il étudie le français depuis un an et est présentement au niveau 4. « Je comprends ce qu’on me dit et ce qui est écrit, mais pour parler c’est plus difficile. Je veux apprendre le français pour parler avec mes collègues de travail, pour mieux m’intégrer avec les personnes d’ici et aussi pour obtenir la résidence permanente. J’aimerais m’installer ici », dit-il. Son épouse est arrivée en début d’année avec un permis ouvert et a entamé les démarches pour suivre des cours elle aussi.

Les parcours d’immigration et de francisation sont riches et variés. D’ailleurs, l’équipe du média québécois Rad a récemment diffusé son documentaire 6 mois pour apprendre le français, qui permet de faire une incursion dans une classe de francisation et d’être témoin des difficultés et des réussites vécues par les étudiants.

 

 

 

Le projet a été financé par le gouvernement du Canada.

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