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Marie-Anne DAYÉ

Conceptrice - Rédactrice

Mariem et Chawki : un nouveau chapitre à Saint-Ubalde

Après plus de deux ans à vivre séparés par des milliers de kilomètres, les Tunisiens Mariem Ksaier et Chawki Tallous ont pu se réunir et sont maintenant bien installés dans leur quadruplex à Saint-Ubalde avec leur bébé, résidence permanente en poche. Comme quoi la patience et la persévérance ont porté leurs fruits !

Texte et photos : Marie-Anne Dayé 

Derrière la porte de l’une des unités du quadruplex que le couple a fraîchement acheté, le décor évoque la chaleur de la Tunisie. Les tableaux accrochés aux murs, les tissus, les bouchées et le thé à la menthe déposés sur la table basse nous mettent rapidement dans l’ambiance. Même la vaisselle est authentique. « J’ai sacrifié une valise de 23 kg pour apporter les assiettes ! », lance Meriem. L’hospitalité tunisienne n’est pas un mythe : les invités qui entrent dans cette maison sont immergés dans la culture tunisienne, une fierté pour ce couple de trentenaires.

Photo : Mariem a cuisiné la blankit, une entrée composée de pain baguette, de sauce harissa, de salade de piments grillés, d’œufs, de thon et d’olives. « Ouvrir un restaurant, c’est un rêve d’enfance, mais avant j’étais toujours occupée par mes études en ingénierie. Ici, j’ai touché à cette passion, et les gens apprécient ma nourriture », dit-elle.

L’investissement dans une propriété et la naissance de leur premier enfant marquent plus officiellement leur installation au Québec, particulièrement à Saint-Ubalde, une municipalité de Portneuf. Après leur mariage en 2019, Chawki a entamé des démarches pour travailler au Québec. Étant ingénieur en génie biologique et agroalimentaire, il souhaitait depuis longtemps poursuivre sa spécialité au Canada. Sachant qu’il serait ardu de trouver une avenue liée à son domaine d’expertise, il signe plutôt un contrat avec Patates Dolbec en 2019, reçoit l’EIMT positive et le Certificat d’acceptation du Québec (CAQ) la même année, pour finalement commencer à travailler dès janvier 2020. Un poste d’ouvrier était loin de ses aspirations professionnelles, mais constituait un premier pas. « La seule solution pour arriver à un meilleur futur, c’était cette étape-là. C’était parmi les solutions les moins compliquées. Le plus important, c’est l’objectif : améliorer nos conditions, la famille, vivre dans un pays qui nous respecte, où nos droits sont égaux à tout le monde », affirme Chawki.

Loin de sa bien-aimée, il a essayé plusieurs options pour qu’elle le rejoigne, soit avec un permis ouvert, soit avec un visa de touriste. Toutefois, les délais de réponse et les refus ont usé la patience du couple. Les restrictions de la pandémie n’ont pas aidé non plus. « C’était vraiment une grande épreuve pour chacun de nous et pour la relation », souligne Mariem. « On pensait que ce serait un peu plus facile, mais en venant ici on a découvert une autre réalité », ajoute Chawki. « Les lois sont parfois injustes, surtout pour les nouveaux arrivants. Le Canada et le Québec ont besoin de personnes qualifiées. Pourquoi on rend leur vie difficile, loin de leur famille ? La famille fait partie du développement, de la prospérité, de la qualité de vie de la personne », poursuit-il.

Deux ans et demi plus tard, en juin 2022, Mariem est enfin arrivée au Québec. Chawki a convaincu son employeur chez Patates Dolbec de la recruter comme travailleuse étrangère temporaire, même si elle aussi est ingénieure de formation. « Ils nous ont fait une grande faveur », dit-il.

Les retrouvailles étaient attendues, mais avec quelques appréhensions. Chawki avait déjà passé la période d’adaptation à la langue (l’accent québécois), aux mœurs, aux interactions en milieu de travail et au climat. Ayant vécu « seul », bien qu’il partageât un logement avec ses collègues tunisiens et latino-américains, il a dû s’habituer à nouveau à vivre en couple. « Quand je suis venue ici, j’ai trouvé que ce n’était pas la même personne que j’avais connue depuis des années », dit Mariem. « Au point où je lui ai dit : t’es pas content de ma présence ? Je peux partir ! », lance Mariem en éclatant de rire.

De temporaires à permanents

Chawki avait entamé les démarches en 2021 pour obtenir sa résidence permanente ainsi que celle de sa femme (il est nécessaire de faire une demande de certificat de sélection du Québec dans l’un des programmes ciblés, d’avoir le niveau 7 en français et de faire la demande la résidence permanente auprès du gouvernement du Canada). Ils l’ont obtenue en novembre 2022. « Le Canada ou le Québec, ce n’est pas une période transitoire dans notre vie, c’est la vie qu’on a choisie », assure Mariem. « Saint-Ubalde fait maintenant partie de nous. On a développé un sentiment d’appartenance », ajoute Chawki.

Transformer les différences en atouts

Leur intégration au Québec s’est faite graduellement, mais le fait de parler le français leur a facilité la tâche. Plutôt que de voir les différences de culture comme des obstacles, Meriem et Chawki les ont plutôt utilisées pour créer des liens avec les autres. Ils ont reçu toutes sortes de questions : est-ce que vous vous transportez sur des chameaux en Tunisie ? Est-ce qu’il y a l’internet ? Ils voient ce manque de connaissance comme une manière d’échanger et de mieux faire connaître leur pays d’origine. D’ailleurs, le couple a participé à plusieurs activités organisées par l’organisme local Accès Travail Portneuf, dont des cuisines communautaires et une journée dédiée à la Tunisie. Mariem et Chawki ont présenté les traditions culinaires et vestimentaires du pays, les rituels liés au mariage, le ramadan, etc.

Indispensables, les organismes de soutien

Chawki insiste sur le fait que sans des organismes de soutien comme Accès Travail Portneuf, son adaptation n’aurait pas été aussi rapide. « Fernand et Yoann ont accéléré mon adaptation parce que s’il n’y avait pas une intervention d’une tierce partie pour me pousser à découvrir des choses, j’aurais vécu dans ma coquille. Travailler, rentrer chez moi, parler un peu avec ma famille, pas plus », raconte Chawki. « Je trouve aussi une amitié avec eux. Une relation plus forte qu’une relation de service », ajoute-t-il. Grâce à un programme de jumelage interculturel piloté par l’organisme, Chawki a pu connaître une dame avec qui il pouvait discuter, poser des questions. Avec le temps et l’arrivée de Mariem, cette dame est devenue un membre de la famille, dit le couple. Elle a d’ailleurs organisé le shower du bébé et les a invités pour les fêtes de fin d’année. « L’importance de ces organismes, c’est qu’ils ouvrent une petite fenêtre sur la société québécoise », renchérit Mariem.

Le projet a été financé par le gouvernement du Canada.

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