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Marie-Anne DAYÉ

Conceptrice - Rédactrice

Ndeye Arame : un modèle de persévérance

Texte et photos : Marie-Anne Dayé

De nature aventurière et curieuse, Ndeye Arame Dieng rêvait de découvrir le Québec, très loin de son Sénégal natal. Après un processus de recrutement de deux ans, elle a enfin mis les pieds à Sept-Îles. Mais son arrivée s’est rapidement transformée en une épreuve qui lui paraissait insurmontable. La persévérance dont elle a fait preuve a toutefois porté ses fruits. 

Maman d’une jeune fille de 14 ans adoptée lorsque cette dernière était âgée d’un an et demi, Ndeye Arame travaillait à Dakar comme instrumentiste au bloc opératoire d’un hôpital. Elle souhaitait tenter l’expérience du Québec, jusqu’à ce que la maladie de son père fasse en sorte qu’elle remette en question son projet. Malgré la triste tournure des événements par la suite, elle a finalement pris la décision de venir au Québec.

Tout quitter au pays… pour ça ?

Arrivée à Sept-Îles à la fin du mois de septembre 2023 avec un permis de travail fermé, elle a vu son projet tourner au vinaigre. Elle a subi des abus de la part de son employeur, qui voulait lui faire signer un contrat proposant un salaire moins élevé et lui donnait des tâches différentes de ce qui était prévu initialement, entre autres. Peu de temps après, ce dernier l’a congédiée. « D’habitude, on dit que quand on vient ici, c’est la lune de miel. Malheureusement, je ne l’ai toujours pas vécue », se désole-t-elle. Avec l’aide du Centre Alpha Lira, elle a demandé un permis de travail ouvert pour travailleur vulnérable (PTOTV), qu’elle a reçu près de deux mois plus tard. Elle a également porté plainte contre l’employeur auprès de la CNESST. Pendant ce temps, elle n’avait aucun revenu, a dû emprunter de l’argent à des amis et se loger temporairement.

« Psychologiquement, je n’étais pas bien parce que j’étais seule, je n’avais nulle part où aller. Un ami m’a dit de le rejoindre à Val d’Or, il m’a payé le billet. J’y suis restée jusqu’à ce que ma situation se stabilise. Je ne pouvais pas raconter ça à ma famille. Ils comptaient sur moi. Je ne pouvais pas leur dire que j’avais des problèmes », raconte la femme de 38 ans.

« J’ai perdu mon travail au pays, je l’ai perdu ici aussi, je n’avais pas de famille, je n’avais que des amis, je n’avais nulle part où aller, j’étais obligée de quitter l’appartement pour chercher autre part. Si j’avais su que ça allait être comme ça, je ne serais jamais venue ici parce que j’étais bien chez moi. Mais j’avais donné ma parole lors du recrutement alors je ne pouvais pas reculer », poursuit-elle. Le fait de vivre dans une petite ville a des bons et des mauvais côtés, selon Ndeye Arame. D’un côté, la communauté est tissée serrée, ce qui fait qu’elle a trouvé rapidement du soutien, mais de l’autre, il peut être difficile de trouver un emploi lorsque ça s’est mal passé avec un employeur, croit-elle, parce que tout le monde se connaît, tout se sait.

Heureusement, la CNESST a reconnu les torts de l’employeur et Ndeye Arame a pu recevoir, après de longs mois d’attente, des indemnisations et les excuses qu’elle attendait.

« Ce n’est pas l’argent qui m’intéresse, c’est plus ma crédibilité », souligne-t-elle.

Des événements qui laissent des traces

Bien que Ndeye Arame a trouvé deux nouveaux emplois à Sept-Îles – elle travaille comme assistante dentaire du lundi au vendredi en journée dans une clinique dentaire et deux soirs par semaine et les samedis dans un magasin à grande surface –, l’expérience qu’elle a vécue a provoqué une certaine crainte chez elle. Alors que son PTOTV expirera en novembre, elle n’aime pas l’idée de ravoir un permis de travail fermé avec ses nouveaux employeurs, même si cela est nécessaire. « J’ai peur de ce qui va m’arriver après, comme ça s’est passé la dernière fois », dit-elle.

Vivre ces émotions difficiles loin des siens est tout un défi pour Ndeye Arame. « Le 21 juin, c’était l’anniversaire de décès de mon père et je n’étais même pas capable d’être avec ma famille pour faire les prières et tout, ça m’a manqué. Mais on essaie de garder une attitude positive », dit-elle. Elle aimerait que sa fille, qui lui manque « super grave » puisse venir la rejoindre bientôt. En attendant, elle s’appuie sur cette communauté de Sept-Îles, qui est devenu une autre famille pour elle. 

 

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