Offrir un accompagnement personnalisé et cibler certaines catégories particulières d’employés : deux façons de soutenir les travailleurs étrangers temporaires et de protéger leurs droits. C’est d’ailleurs l’approche adoptée par plusieurs organismes dans le cadre du projet coordonné par Immigrant Québec et financé par le gouvernement du Canada par le biais du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Sortir les femmes de l’invisibilité
S’il existe une certaine proportion de femmes dans les rangs des travailleurs étrangers temporaires, difficile d’avoir une idée juste de leur nombre. Pourtant, ces dernières vivent des situations particulières qu’il ne faut pas négliger, estime Viviana Mevina, organisatrice communautaire au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI). « Depuis longtemps, nous avons remarqué qu’il y avait une invisibilité des femmes », note-t-elle.
Pour créer un premier contact avec ces dernières, l’organisme a donc décidé de préparer un dépliant leur étant destiné. Ce document présente différentes informations touchant le harcèlement psychologique et sexuel ainsi que le travail forcé, explique l’intervenante. Les coordonnées de l’organisme figurent aussi parmi les informations qui ont été remises à plusieurs femmes en mains propres à leur arrivée à l’aéroport, en plus d’avoir été distribuées par d’autres groupes partenaires du CTI.
« Nous avons réellement misé sur la prévention. Grâce à la distribution du dépliant, nous avons reçu plus d’une soixantaine d’appels de femmes qui voulaient s’informer sur leurs droits, estime l’intervenante. Nous en avons référé plusieurs à d’autres organismes. » Viviana Mevina rappelle d’ailleurs que les femmes sont particulièrement vulnérables et plusieurs craignent de porter plainte quand elles vivent des situations difficiles. D’où l’importance de cibler cette clientèle particulière dans ses interventions.
En plus d’avoir rencontré les travailleurs étrangers temporaires directement sur le terrain et développé une série d’ateliers, le CTI a aussi mis sur pied un service d’accompagnement personnalisé. Ainsi, entre avril et octobre, plus d’une soixantaine de travailleurs ont donc reçu de l’aide, que ce soit de l’accompagnement pour recevoir des soins médicaux, du soutien pour déposer une plainte à la CNESST ou encore de l’aide d’un traducteur.
Des activités qui ont permis de briser l’isolement des travailleurs, obstacle majeur à la défense de leurs droits, selon le CTI. « Nos ateliers leur ont permis d’apprendre à reconnaître les abus sur leur milieu de travail. Ces derniers ont pu tisser des réseaux de solidarité et sont maintenant plus outillés pour défendre leurs droits. »
Une ligne privée pour des conseils en toute confidentialité
Après avoir réussi à rejoindre plus de 700 travailleurs étrangers temporaires en s’arrêtant dans près de 265 fermes, la Société de développement économique de Drummondville (SDED) offre aussi des conseils personnalisés à cette clientèle. L’organisme offre non seulement des webinaires, mais a aussi mis sur pied une ligne privée pour répondre aux questions de ces travailleurs temporaires.
Au bout du fil, les travailleurs ont ainsi accès à un avocat en immigration et à un service de traduction en anglais, espagnol, arabe et portugais. La SDED offre aussi un service de transport pour accompagner les travailleurs étrangers temporaires vers des ressources d’aide psychologique ou dans les cliniques de vaccination. De même l’organisme offre aussi un accueil personnalisé à une cinquantaine de nouveaux venus, en les informant sur leurs droits, en leur faisant visiter certaines infrastructures régionales ou encore en leur expliquant les rouages du système de santé.
D’ici la mi-décembre, l’organisme estime pouvoir rejoindre plus de 100 travailleurs étrangers temporaires avec sa ligne privée en plus d’accueillir une cinquantaine d’entre eux à leur arrivée sur son territoire. La SDED prévoit aussi offrir du transport à une vingtaine de personnes ciblées par ce projet.
Un parcours personnalisé
Les travailleurs étrangers temporaires ont été « particulièrement atteints par certaines mesures, dont la fermeture des frontières et les longs délais de traitements des demandes de permis d’études et de travail. D’autres, déjà sur le territoire, face à une perte d’emploi, s’inquiétaient de leur situation concernant leur statut d’immigration au Canada ou se sont trouvés séparés de leurs familles », explique Québec International. C’est pourquoi l’organisme a mis sur pied un parcours d’accompagnement personnalisé destiné aux travailleurs étrangers temporaires des régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches.
D’abord, un service-conseil auprès des travailleurs en situation de vulnérabilité lié à la COVID-19 a été mis sur pied, permettant d’offrir un suivi personnalisé auprès de ces nouveaux arrivants. Un accompagnement disponible en portugais, en espagnol et en anglais. Québec International a aussi organisé une série de webinaires pour aider cette clientèle à mieux comprendre les répercussions de la crise sanitaire sur leur situation. L’équipe a ainsi pu répondre directement aux questions de ces travailleurs étrangers temporaires affectés par la crise sanitaire, en les informant sur des sujets comme la mise en quarantaine ou les restrictions de voyage. Le Centre Multiethnique de Québec a aussi référé certains de ses clients à Québec International pour qu’ils puissent bénéficier des services offerts par l’organisme.
Pour compléter cette offre, un service de consultation privée d’un avocat en immigration a aussi été offert. Ayant réussi à rejoindre plus de 370 travailleurs étrangers temporaires entre la fin avril et le début juillet avec ses différents services, l’organisme prévoyait toucher au moins 650 personnes supplémentaires d’ici la fin du projet, prévue le 15 décembre prochain.
Des services en lien avec les préoccupations réelles des travailleurs étrangers temporaires, note Québec International. « (…) nous avons pu répondre à des questions très spécifiques qui touchent la perte et le changement d’emploi pour les détenteurs d’un permis de travail fermé, la situation familiale de certains travailleurs (familles séparées à cause de délais de traitement de demandes, restrictions de voyage, etc.), l’éligibilité au CSQ après avoir été au chômage, changement/prolongation de statut entre autres. »